Épisode 12 – Paul-Arthur et les épidémies au XVIIIème siècle (Passion Modernistes)

Passion Modernistes - En podcast av Fanny Cohen Moreau - Fredagar

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Comment luttait-on contre les épidémies au XVIIIème siècle en Italie ? Passion Modernistes RSSSpotifyDeezerApple Podcasts Paul Arthur Tortosa au micro de Passion Modernistes Lorsque cet épisode a été enregistré début mars 2020 nous n’avions aucune idée de comment la situation pourrait évoluer dans les prochaines semaines… Cet épisode est publié le mercredi 18 mars, et nous espérons qu’il permettra d’avoir du recul sur la situation, d’observer les évolutions ou les constantes entre le XVIIIème siècle et notre époque contemporaine. La politique face aux épidémies Dans sa thèse, Paul-Arthur Tortosa étudie les politiques de santé publique mises en place dans l’Italie des années 1796-1805, c’est-à-dire sous domination française, mais encore constitué d’États indépendants. Dans cet épisode, nous parlons de comment l’Italie, dans toute sa complexité politique, gérait les épidémies, quelles mesures étaient mises en place ou non. La santé publique et la médecine, c’est de la politique menée par d’autres moyens. Souvent les mesures d’urgence et de luttes contre les épidémies, comme les quarantaines ou les cordons sanitaires, sont des mesures avant tout politiques : de la politique intérieure, pour rassurer la population, et de la politique extérieure, pour rassurer les États voisins. Mais les politiques et les autorités sanitaires sont conscientes des limites de la quarantaine, il s’agit avant tout de mettre en scène l’action du souverain qui protège sa population. La conjonction des épisodes épidémiques et de l’occupation française en Italie entraîne un moment de recomposition des rapports de force : entre les différents États italiens, entre magistratures centrales et périphériques, et entre les sphères médicales et politiques. Edward Jenner pratiquant la première vaccination contre la variole en 1796 (Crédits : Gaston Melingue) Qu’est-ce qu’une épidémie au XVIIIème siècle ? La notion d’épidémie est à différencier de celle de l’endémie, une maladie qui touche une population et une région de manière continue dans le temps, comme le paludisme. On peut définir une épidémie comme la hausse de l’incidence d’une maladie dans un espace donné à un moment donné, avec une augmentation de cas. Mais dans cet épisode Paul-Arthur nuance cette définition car le seuil où une maladie devient une épidémie est politique. Après la peste à la fin du Moyen Âge et jusqu’au XVIIème, et avant le choléra au XIXème siècle, le XVIIIème est le siècle de la variole, une forme de très grande varicelle, qui laissait les malades défigurés, et qui touchait toutes les parties de la population (là où la peste touchait plutôt les milieux populaires). Et ce jusqu’au sommet des États, parce que Louis XV notamment est mort de la variole. Mais la connaissance des maladies à l’époque n’était pas aussi développée qu’aujourd’hui, donc une maladie aujourd’hui pouvait avoir plusieurs noms au XVIIIème siècle, comme le paludisme, appelé fièvre tierce ou fièvre intermittente, qui est une des maladies les plus mortelles à l’époque. D’ailleurs c’est Giovanni Maria Lancisi, médecin du pape Clément XI, qui, croyant que le mauvais air était cause de la maladie, introduit le mot mal’aria, et en 1717 il publie l’ouvrage De noxiis paludum effluviis eorumque remediis à propos du paludisme. Carte de l’Italie, par le géographe royal français Vaugondy Avec les armées et les conflits vont aussi transformer des maladies endémiques en véritables épidémies, notamment pour des maladies comme la galle et les maladies sexuellement transmissibles. Les espaces confinés (hôpitaux, prisons, galères) sont aussi propices au développement de maladies endémiques qui deviennent des épidémies au contact d’autres populations, notamment lorsqu’un bateau contami